Lost Patrol Camel Farm, deuxième semaine

Pendant cette deuxième semaine à Lost Patrol Camel Farm, on était bien content d’avoir un toit au-dessus de la tête. La température a continué à augmenter pendant quelques jours puis un gros orage a éclaté. D’abord le vent s’est tout à coup mis à souffler très fort et, quelques minutes plus tard, un rideau de pluie s’abattait sur nous ! C’était très impressionnant. J’ai regretté de ne pas savoir faire du canoë… Heureusement on n’a pas été inondé. Par contre, la foudre a déclenché plusieurs incendies à quelques kilomètres de nous, là où la végétation était plus sèche. Il a fallu plusieurs heures aux pompiers pour maîtriser les feux mais Lost Patrol Camel Farm n’était pas en danger. Pour en revenir à l’orage, mes copains dromadaires étaient malheureux parce qu’ils n’aiment pas la pluie. Après quelques jours, il ne pleuvait plus que de temps en temps alors ils ont bien voulu poser pour les photos :

Tous les dromadaires sont très gentils. Peter dit que quand ils tirent une calèche sur la route et qu’un camion les dépasse à 100km/h, les dromadaires disent « Un camion ? Où ça, un camion ? Vous avez vu un camion ? Moi, je n’ai pas vu de camion… » et qu’ils continuent tranquillement leur promenade. Ils ont chacun des particularités :

• Ellie : Convalescente après une blessure à la jambe, elle a perdu sa première place dans la hiérarchie du groupe et reste souvent à l’écart. Elle n’aime pas le pain blanc mais raffole des légumes et des gâteaux ! La bosse de son dos est asymétrique.
• Terrible : Très, très, très gourmande, elle n’hésite pas à prendre le pain des autres et à aller manger dans la réserve. Elle est la plus grande du groupe.
• Misty : Plutôt gourmande, elle est aussi très curieuse. Elle est souvent la première arrivée quand il se passe quelque chose. (nouveau visiteur ou distribution du pain) De longs poils sur son cou lui donnent un air barbu.
• Bridie : Elle adore qu’on s’occupe d’elle et peut rester des heures à se laisser gratter le dos, même si le groupe s’est éloigné. Si on pose le râteau, elle attend qu’on recommence en mettant sa tête à ras du sol. Parfois, elle vient même demander à être grattée. Elle est la plus claire du groupe.
• Obie : Le seul garçon ! Très timide sauf pour manger du pain, il peut lui arriver de mordiller les bras des soigneurs s’il trouve que le partage n’est pas équitable. (il n’en a bien sûr pas le droit) Encore dans sa première année, il a beaucoup de poils sur le dos.
• Lucy : La plus timide du groupe, elle hésite pourtant à peine à s’avancer sur la terrasse (alors qu’elle n’en a pas le droit) pour pouvoir manger du pain à l’écart des plus voraces. Encore dans sa première année, elle a beaucoup de poils sur le dos. Pendant notre séjour, elle a toujours porté un licol rouge.

J’espérais pouvoir publier une photo d’ornithorynque mais on n’en a pas vu. Lucie a encore vu un wallaby mais il n’a pas voulu se laisser prendre en photo. Christophe a vu deux kangourous qui l’ont senti et se sont sauvés dans la forêt. Il les a suivis… Et il les a rattrapés ! Ils se sont encore enfuis, loin, cette fois, mais Christophe gardera un bon souvenir de ce jeu de cache-cache.

On a profité d’un jour de repos pour aller visiter des grottes dans le Kosciuszko National Park : les Yarrangobilly Caves. Chris et Lucie avaient préparé des sandwiches, prévu des glaçons pour la glacière et le réservoir d’essence était presque plein. Après une dernière vérification du niveau d’huile, nous voilà partis pour 150 kilomètres. La route était longue mais on ne regrette pas le voyage. Trois grottes étaient ouvertes au public. On en a exploré une première sans guide où on n’avait qu’à suivre les panneaux puis on en a visité une deuxième, très colorée, en suivant une guide sympathique. On était ses seuls clients ! Il y avait beaucoup de rouge à cause du fer présent dans le sol et apporté par l’eau sous forme de rouille. Il y avait des petits « tas » blancs faits, selon la légende, par des gnomes… Il y avait aussi beaucoup de noir. Lucie croyait que c’était à cause des lampes des premiers visiteurs mais elle se trompait : c’est à cause des incendies. Quand la forêt brûle, la fumée entre dans la grotte et se dépose. Il y a des strates très anciennes et très épaisses ; il y a sûrement eu des feux terribles par le passé. On avait du mal à se les imaginer parce qu’il faisait 11°C dans la grotte. En sortant, on est allé se baigner dans une piscine gratuite, à ciel ouvert, construite sur une source thermale dont l’eau est toujours à 27°C. L’eau était très claire et il y avait plein d’algues au fond de la piscine mais on ne les touchait pas. Moi j’ai trouvé l’eau trop propre mais Chris et Lucie ont adoré ! Ils n’ont pas vu le temps passer et il était déjà 18h quand ils sont sortis. La nuit est tombée quand on était encore sur le chemin du retour et on a eu droit à un véritable spectacle de la faune locale : kangourous, wombats, plein de chevaux sauvages et quelques lapins. C’était superbe ! On a dû rouler doucement et il nous a fallu 3 heures pour rentrer à Lost Patrol Camel Farm. On était soulagé d’arriver parce qu’il ne nous restait plus beaucoup d’essence. L’Australie nous a donné une autre leçon : même si le réservoir est pratiquement rempli, il faut faire le plein dès qu’on peut parce que les stations service ferment tôt. On s’en souviendra ! Et on se souviendra aussi du festival que nous ont offert les animaux du parc !

On nous a demandé des photos supplémentaires, les voici ! Ci-contre, une phonognatha graeffei (leaf-curling spider en anglais) a accepté de se montrer quelques secondes, juste le temps de faire la photo. Cette araignée se met à l’abri de ses prédateurs (oiseaux par exemple) en se cachant dans un tube qu’elle fait avec une feuille. On en a vu beaucoup près de la rivière, parfois un peu tard d’ailleurs puisqu’on a endommagé plusieurs toiles en marchant. Elles mordent très rarement les humains et les sangliers (elle préfèrent les insectes !) mais, quand ça arrive, ça fait juste un peu mal, c’est tout. Ci-dessous, à gauche, une badumna insignis ( black house spider en anglais) a pris la pause dans la cuisine pendant des heures sous les flashs de Chris. Au milieu, une fourmi violette (on n’a pas su l’identifier). Enfin, à droite, voilà une colocataire qui n’a révélé sa présence dans notre chambre qu’au moment de notre départ : encore une huntsman spider !

On m’a aussi demandé ce que Chris et Lucie mangeaient… Je ne vais pas recomposer tout le menu de la semaine ; je vais me contenter d’un exemple. La plupart du temps, ils ont beaucoup d’ingrédients à disposition et composent des repas colorés avec entrées, plats et desserts. Ils ne manquent généralement ni de laitages, ni de légumes, ni de fruits. Un jour moins copieux, il ne restait plus dans le frigo que du beurre, quelques patates, du jambon, du cheddar et de la bière… Qu’auriez-vous fait ? Eux se sont régalés d’un welsh dont il n’est pas resté une miette ! (Bravo à Chris !) Ils ne se laissent pas dépérir et prennent bien soin de leur santé. Et de la mienne aussi.

Quand Peter a appris que la climatisation du 4×4 ne fonctionnait pas parce qu’il fallait en changer le gaz, il nous a conduits chez un de ses amis qui est mécanicien et qui nous a remis du gaz tout neuf gratuitement. Chris était très, très, très content ! Sa joie n’a pas duré parce que, sur le chemin du retour, le 4×4 nous a réservé une mauvaise surprise : le radiateur est percé ! Je ne parle pas du chauffage qui sert à notre confort mais de la pièce mécanique qui permet d’éviter que le moteur ne surchauffe. On a réussi à rentrer mais, sans radiateur, plus question de rouler ! Chris et Lucie en ont parlé à Peter et il nous a dépanné. Peter, c’est un bricoleur génial. Je vous ai déjà décrit la façon dont il a arrangé les rames de trains mais je ne vous ai pas parlé de la voiture amphibie qu’il a construite et avec laquelle il a navigué jusqu’aux Philippines… Il s’y connaît bien en voitures et, s’il a un doute, il passe un coup de fil à son ami mécano. C’est ce qu’il a fait pour nous. Quelques jours plus tard, il a aidé Chris et Lucie à vider le radiateur et à y mettre une solution de silicate de sodium. Moins d’une heure après, le trou était rebouché ! Après 30 kilomètres de descente et remontée d’une colline, ça tenait toujours. Youpi ! Encore une leçon de l’Australie : il faut contrôler la température du moteur aussi souvent qu’on regarde à quelle vitesse on roule… On s’en souviendra aussi !

La veille de notre départ, un voyageur qui conduit une voiture identique à la nôtre est venu poser ses valises à Lost Patrol Camel Farm. Le jour-même, en fin d’après-midi, Peter organisait un safari en 4×4 dans son pré, au milieu des vaches ! Il a donné plein de conseils à Chris et Lucie (moi, je n’ai pas besoin de conseil pour admirer le paysage !) et, arrivé en haut de la colline, il s’est arrêté. La vue était magnifique ! Il n’y a pas grand monde qui a un tel panorama du fond de son jardin ! Il nous a ensuite donné rendez-vous à 21h pour nous emmener voir des wombats. On est monté à l’arrière du camion, Peter était au volant et Tess était à ses côtés, vitre ouverte. Tess, c’est la chienne qui vit chez Peter. Elle adore les kangourous ! A chaque fois qu’elle en voit un, elle aboie. Ce soir-là, elle n’a pas arrêté ! On a vu plein de kangourous, un seul wombat et quelques lapins. On a aussi vu beaucoup de vaches et de moutons mais, eux, ils ne traversaient pas la route en bondissant !

Le lendemain, avant de quitter Lost Patrol Camel Farm, on est allé dire au revoir à Dianne, Tess et Peter puis aux dromadaires. On est retourné marcher encore une fois le long de la rivière, on a effrayé un wallaby et esquivé de nombreuses toiles d’araignées. Les châteaux de sable de Chris étaient toujours là, malgré l’orage ! La prochaine étape, si tout se passe bien, sera une exploitation agricole dans laquelle Chris et Lucie se seront faits embaucher pour faire du fruitpicking !