Bye bye les pommes, on retourne faire les vendanges

Posté par le 12 avril 2013
Elles sont pas belles nos pommes ??

Elles sont pas belles nos pommes ??

Lundi à 9h00, Chris et Lucie étaient prêts pour une journée de cueillette de pommes. L’exploitation était très grande. Il y avait même un bureau d’accueil. Chris et Lucie ont dû regarder un film qui explique comment cueillir les pommes et ils ont eu plus de papiers à remplir que les fois précédentes. Quand les formalités ont été terminées et qu’ils sont allés dans les vergers, il était déjà plus de 11h. La paye étant fonction du rendement, les deux premières heures étaient perdues.

Ils ont été embauchés en même temps qu’une autre voyageuse, bien plus expérimentée qu’eux, qui n’a pas été contente que les superviseurs leurs imposent de travailler ensembles et de partager ensuite leur salaire en trois. Compréhensible… Ils se sont donc retrouvés à trois dans la même allée, à essayer de ne pas emmêler leurs échelles. Ils ne devaient pas cueillir les pommes encore vertes, ni les roses, ni les rouges. Il ne fallait prendre que les pommes écarlates. Sans les cogner, sans les griffer, sans faire tomber les autres, sans casser les queues, en allant vite mais en les déposant délicatement dans le panier puis doucement dans le bac, jamais plus d’une pomme par main et en maniant l’échelle de trois mètres avec l’adresse d’une majorette. Chris et Lucie se sont appliqués du mieux qu’ils ont pu mais, avec à peine plus d’une pomme écarlate par arbre dans leur allée, il leur a fallu trois heures pour remplir deux bacs. Soit moins de 80 $ de paye pour la journée. (environ 66 €) A diviser par 3. L’autre cueilleuse dit que la cueillette de sélection devrait être payée à l’heure. Elle a souhaité bon courage à Chris et Lucie et est partie chercher du travail ailleurs.

Lucie cueille des pommes

Lucie cueille des pommes

Le deuxième jour de cueillette, dès 7h00, Chris et Lucie ont redoublé d’efforts pour améliorer leur technique et ne pas cueillir de pomme trop claire. Ils n’étaient pas mauvais du tout mais les superviseurs continuaient à inspecter leur bac à la recherche d’une pomme «seulement» rouge ou d’une pomme sans queue pour leur reprocher de manquer de qualité. En attendant, ces pommes-là, ils les remettaient quand même dans le bac ! J’en ai même vu un qui est allé cueillir une pomme pour expliquer à Chris qu’elle était trop petite et qu’il aurait fallu la laisser sur l’arbre. Un peu naïfs, Chris et Lucie faisaient de plus en plus attention en travaillant. A 10h, un superviseur est venu leur annoncer qu’ils étaient renvoyés à cause de leur lenteur. Philanthrope, il leur a expliqué qu’il était préférable pour eux d’arrêter parce qu’ils ne gagneraient pas beaucoup d’argent en étant aussi lents. Donc, au lieu de gagner environ 150 $ par jour pendant un mois s’ils avaient continué sur le même rythme, ils se sont encore retrouvés sans emploi. Ça a l’air rageant mais, moi, je préfère ça parce qu’il n’y avait rien de joyeux à travailler dans ces vergers. Sur le chemin du retour, ils ont «fruit pické» quelques kilos de pommes soit-disant pas assez mûres (photo à la une). Depuis, je m’en régale chaque jour !

Cataract Gorge Reserve, Launceston

Cataract Gorge Reserve, Launceston

Mercredi matin, un peu avant 7h30, on est retourné sur les routes de la Tamar Valley. Comme ça avait réussi à d’autres avant eux, Chris et Lucie ont tenté de se faire embaucher au pied levé chez des vignerons. Pas de bol, deux seulement se préparaient à vendanger. Ils n’ont rien obtenu de plus de leur matinée que d’avoir noté leur numéro de téléphone sur une feuille. On a arrêté la tournée au bout de trois heures. Pendant que notre 4×4 s’offrait le luxe nécessaire d’une vidange, on est allé crapahuter sur le sentier de la Cataract Gorge. Pas encore remis de son escalade/désescalade d’échelle, Chris se plaignait d’avoir mal aux cuisses. Heureusement, des points de vue réguliers sur la rivière lui donnaient des ailes. C’était superbe. On admirait l’un de ces points de vue, justement, quand le téléphone s’est mis à sonner. (photo ci-contre) Du boulot ! Le vigneron rencontré le matin-même voulait que Chris et Lucie aillent travailler chez lui le lendemain à 7h30 ! Et pour la journée complète, une première pour nous ! Lucie a retrouvé le sourire et Chris a retrouvé ses jambes ! Quant au 4×4, il va très bien et il a maintenant de l’huile toute neuve.

Après les émotions du coup de téléphone et l’effort de la marche, Chris et Lucie avaient besoin de prendre une bonne douche. On est retourné à leur endroit favori pour ça : les toilettes de la Cataract Gorge, où deux cabines sont équipées de douches relativement tièdes. Ils y ont leurs petites habitudes depuis plusieurs jours et connaissent bien les horaires des employés : à 20h, l’équipe de nettoyage arrive, lave et ferme les toilettes sauf la cabine 24h/24 puis, à 21h50, l’agent de sécurité arrive très vite avec son 4×4 rutilant et ferme les barrières pour que tout soit clos à 22h. Ils savent aussi que depuis le passage à l’heure d’hiver, la nuit tombe à 18h. Donc, avant d’aller se doucher, vers 17h45, ils ont dîné. Mais ô surprise, voilà que l’équipe de nettoyage est arrivée à 18h10 ! Les douches ont été fermées… Misère… Ils ont dû se résoudre à remplir leur douche solaire alors qu’il n’y avait plus de soleil et à se laver à l’eau très froide, accroupis dans une cabine étroite en compagnie d’un courant d’air insidieux. Ca les a si bien insensibilisés qu’après, ils pouvaient rester dehors à bras nus sans même sentir le froid. Au moins, ils étaient propres ! Parlant de froid, il faisait 8°C, le lendemain, quand on s’est levé…

Chris fait les vendanges

Chris fait les vendanges

A 7h15, jeudi, Chris et Lucie étaient prêts à travailler. Après un accueil très chaleureux, ils sont allés se mettre à l’œuvre dans les vignes, sécateurs en mains. Moi, j’avais déjà fait le tour de la propriété : c’est immense et il y a plein de raisin ! Vers 10h, ils ont eu droit à une première pause avec thé, café, assortiment de biscuits et sortes de pains d’épices beurrés. Un vrai luxe ! Et à volonté ! (tant qu’il en est resté…) Ragaillardis, ils sont retournés au travail. Pause déjeuner à midi et demi… Puis fin de journée plus tôt que prévu, à seulement 3h. Pas d’inquiétude, les vendangeurs ont simplement travaillé très vite. Ils étaient sûrement pressés de goûter la collation du soir… Ce jour-là, c’était bière et vin maison avec un plateau de fromages ! Plus de la moitié de l’équipe était française alors la nouvelle a circulé très vite et le fromage a été dévoré presque aussi rapidement ! Chris avait peur de passer pour un morfal alors Lucie l’a rassuré «Tu fais honneur à la table de ton hôte.» alors il s’est «régalé» sans avoir mauvaise conscience !

Ce vigneron faisait des vendanges (pour faire du Sauvignon blanc) tous les jours depuis lundi donc sa semaine s’arrêtait là mais Chris et Lucie sont attendus pour la fin de la récolte lundi et mardi. D’ici-là, on a le temps de profiter sereinement des magnifiques paysages du nord-est de la Tasmanie. On a commencé à prendre quelques photos intéressantes, j’espère pouvoir les partager avec vous dimanche !

26 commentaires à Bye bye les pommes, on retourne faire les vendanges

  1. marie-Jeanne, le 13/04/2013 02:28:37 +10:00

    Je pense que cet article mériterait beaucoup de commentaires.Il est très agréable à lire: malgré la déconvenue qu’ils ont rencontrée chez cet exploitant de pommes,Lucie et Christophe ont su rebondir et retrouver un emploi chez un vigneron plus sympathique.
    Merci encore à eux de nous faire partager leurs aventures de façon aussi agréable.

    1. Saladolar, le 13/04/2013 16:26:06 +10:00

      Ben et moi alors ?

    2. Zina, le 15/04/2013 00:43:47 +10:00

      Tu ne peux qu’etre fiers de nos globe-trotters: leur courage et tenacite’ sont formidables!

  2. marie-Jeanne, le 13/04/2013 02:43:34 +10:00

    Je rapporte ici le message de Luciequ’elle a fait dans les commentaires de l’article intitulé:Escapade dans le nord-ouest de la Tasmanie. Je cite ce message: «Si vous avez envie de commenter mais que vous n’osez pas parce qu’on ne se connaît pas personnellement ou pour toute autre raison…N’hésitez pas,commentez,ça ne pourra que nous faire plaisir! »

    1. Saladolar, le 13/04/2013 16:47:57 +10:00

      J’approuve à mille pour cent !

    2. Zina, le 15/04/2013 00:45:17 +10:00

      On a plein de chose a’ apprendre d’eux, n’est ce pas?

  3. Zina, le 13/04/2013 11:22:07 +10:00

    Salut Chris et Lucie! Je vous suis virtuellement! J’en ai croise’ ds jeunes comme vous durant mon sejour dans ce beau pays; ils avaient l’air de beaucoup s’amuser malgre’ parfois le manque de confort , mais croyez moi, c’est le meilleur moyen de visiter un pays… ce pays immense…
    Vous ont ils au moins laisse’ manger un peu de pommes?
    Et la Tasmanie? Rien que le nom est tout un programme, elle m’a toujours intriguee…
    La diversite’ des paysages de l’Australie est si emouvante, parfois d’une beaute’ epoustouflante
    Bonne aventure a’ vous deux!

    1. Saladolar, le 13/04/2013 16:37:35 +10:00

      Hey !
      Bienvenue à notre première lectrice américaine !
      C’est vrai qu’on est loin d’être les seuls voyageurs. Il y a beaucoup de vans et voitures aménagées, quelques anglais et allemands, beaucoup d’asiatiques et énormément de français ! Du coup, la concurrence est rude pour trouver du travail mais Chris et Lucie s’accrochent.
      Personne n’a dit qu’on pouvait manger des pommes mais personnes n’a dit le contraire non plus… On n’y a pas pensé au départ mais on a fait quelques provisions en repartant. Elles sont délicieuses !

  4. degliam, le 13/04/2013 15:34:51 +10:00

    Coucou les cousins ,
    Toujours contente de pouvoir vous lire dans vos aventures et de voir vos belles photos ,bravo à toi Saladolar ,tu es un sacré reporter !!
    Cet exploitant de pommes n’étaient vraiment pas très sympatique mais je vois que vous avez très vite trouvé un autre boulot beaucoup plus correct !!
    Je vous embrasse tous les 3 !!
    Bisous

    1. Saladolar, le 13/04/2013 16:47:02 +10:00

      Merci pour le compliment !
      Justement, je voudrais aller un peu plus loin dans mon rôle de chroniqueur : je compte m’essayer un peu au journalisme en faisant une interview de Chris et Lucie. J’aimerais avoir de l’aide pour savoir quelles questions leur poser. Je solliciterai bientôt la contribution de tous les lecteurs mais d’ici-là, ceux qui ont déjà des idées peuvent les garder bien au chaud : elles me seront d’une aide précieuse !

  5. Damien, le 13/04/2013 17:35:54 +10:00

    Hello,
    Cela nous fait plaisir que vous soyez finalement tombé sur quelqu’un aussi sympa que ce vigneron, surtout après le M pomme.
    Bonne continuation !

  6. Michelle, le 13/04/2013 20:51:16 +10:00

    coucou à tous les trois.
    j’ai été battue à plate couture. Quand j’ai lu l’article hier, il y avait 0 commentaire. J’ai voulu tracer quelques lignes mais une violente migraine m’en a empêché. Ce matin oh surprise il y avait de la lecture.
    Pour l’épisode pommes c’est de l’excès à l’état pur, je n’ai jamais entendu ça, mais bon surement que les fruits étaient sélectionnés pour une élite. Vous avez eu raison de faire votre marché perso, après tout que seraient devenues les autres pommes, autant qu’elles profitent à quelqu’un, et disons que c’est un réajustement de salaire. Ne culpabilisez surtout pas.
    Bon j’ai mis un petit mot, mais je reviendrais sur le sujet.
    Gros bisous à vous trois, et encore merci à Saladolar pour ce merveilleux article.

  7. tatadusud, le 14/04/2013 04:12:25 +10:00

    Eh be Tintin a cote de Saladolar c est de la rigolade. Quelle aventure et aussi bravo les jeunes. Bisous a vous trois

    1. JSP1 Molière, le 06/05/2013 04:35:04 +10:00

      Oui mais pas à côté de Rintintin (blagues de vieux). Saladolar vie quand même ses aventures en gardant un certain confort.

  8. Michelle, le 14/04/2013 19:51:15 +10:00

    Chris fait les vendanges: je veux bien, mais sauf erreur de ma part je ne vois que le seau. Je suppose que l’ouvrier est allongé derrière les hautes herbes en train de faire une bonne sieste à l’ombre.
    Pas sympa la tantine n’est ce pas ???? mais bon je constate.

  9. marie-Jeanne, le 14/04/2013 20:24:47 +10:00

    Michelle,en agrandissant la photo,on voit très bien Christophe en train de couper une grappe de raisin.

    1. Zina, le 15/04/2013 00:48:12 +10:00

      N’est il pas marrant de penser qu’on a la Champagne a’ deux pas de nos portes, et ils font de la vendange en Australie? Fantastique, non? Le monde est gard et petit en meme temps…

      1. Chris, le 15/04/2013 17:12:05 +10:00

        C’est vrai qu’on aurait pu faire notre baptême de vendange dans la marne plutôt que si loin :-).

    2. Chris, le 15/04/2013 17:14:02 +10:00

      Merci :-). J’étais en plein travail !

  10. Michelle, le 15/04/2013 02:25:13 +10:00

    Chris tu peux remercier Marie Jeanne de prendre ta défense suite à mon commentaire.
    Merci aussi à toi Marie Jeanne, j’écarquillais les yeux mais je ne pensais pas du tout qu’on pouvait agrandir les photos d’un clic….c’est fait, et effectivement ce que je prenais pour un tronc d’arbre n’est autre que notre brave vendangeur en pleine action !!! Il est temps que je consulte mon ophtalmo !
    Je sens que je vais me faire tirer les oreilles lors de leur retour.

  11. la gelinotte, le 15/04/2013 03:09:58 +10:00

    Ca s’appelle, »les objectifs » ,il faudrait pouvoir décupler, ses mains, son cerveau. On les retrouve dans tous les secteurs d’activités, la preuve.

    1. Chris, le 15/04/2013 17:08:00 +10:00

      Mais normalement, les objectifs, on les connaît à l’avance… si on avait su qu’il nous fallait faire x bacs, nous aurions compris qu’il ne fallait pas complètement faire attention aux remarques des superviseurs et on aurait rempli les bacs avec des pommes moins écarlates et ça n’aurait sûrement pas dérangé…

      1. la gelinotte, le 16/04/2013 03:47:46 +10:00

        courage

  12. Michelle, le 16/04/2013 17:52:04 +10:00

    N’aie pas de regrets Chris, vous n’êtes surement pas les seuls dans votre cas. Je pense que la main d’œuvre ne manque pas, ce qui fait que les superviseurs profitent certainement de la situation pour exprimer leurs exigences avec excès. S’ils étaient sur l’échelle, t’inquiètes, ils ne feraient pas autant les malins, et ne feraient pas mieux que les ouvriers….et peut être même moins.
    Ceux qui ont bien remplis les bacs sont peut être ceux qui reviennent chaque année et qui connaissent les astuces.

  13. Saladolar, le 17/04/2013 15:26:07 +10:00

    Pour la publication de l’article sur le nord-est de la Tasmanie dimanche, c’est raté… Mais il ne va plus tarder !

  14. Michelle, le 17/04/2013 16:20:25 +10:00

    Pas de souci Saladolar, prends le temps de peaufiner ton article, je sais d’avance que nous allons encore nous régaler de vos aventures.
    Bisous à vous trois