Cockle Creek et South West National Park

Posté par le 12 mai 2013 (du 04/05/2013 au 06/05/2013)
Statue de baleine

Statue de baleine

On est arrivé à Cockle Creek samedi et on a tout de suite eu une impression de bout du monde. C’est l’endroit accessible en voiture le plus au sud de toute l’Australie. Alors qu’il est très fréquenté à la haute saison, là, on était seul. Même le bureau du ranger était fermé. Après avoir mangé des saucisses cuites au feu de camp et exploré les environs, on a attendu que la nuit tombe et espéré que la pluie cesse pour aller marcher en forêt. Chris et Lucie avaient lu sur Internet que c’était un bon coin pour voir des diables de Tasmanie alors on a tenté notre chance. Raté ! Le chemin était tout détrempé par les averses de l’après-midi et il fallait même enjamber de petits ruisseaux alors on n’est pas allé loin. On a marché un peu le long de la route… Raté aussi.

Notre camp à Cockle Creek

Notre camp à Cockle Creek

En revenant à la voiture après notre promenade nocturne, on a trouvé notre camp envahi de pademelons et de wallabies ! Ils n’étaient pas dérangés par la pluie, contrairement aux vêtements de Chris et Lucie qui ne pouvaient pas sécher depuis plusieurs jours. Le quotidien à Cockle Creek n’était pas des plus faciles, surtout à cause de la météo. Un ciel bleu pouvait être remplacé par une grosse averse en quelques minutes, il faisait froid tout au long de la journée puis très froid la nuit et le vent ne s’est pas arrêté une minute. La douche solaire n’a pas fonctionné (forcément, sans soleil…) alors Lucie a profité que la longue promenade du deuxième jour lui ait légèrement chauffé les muscles pour se laver dès son retour en espérant souffrir un peu moins. Air entre 10 et 15°C, eau à la même température, vent, pluie… Je ne suis pas sûr que sa technique ait changé grand chose. Une fois propre, elle a dit que ça lui faisait du bien et qu’elle ne sentait plus le froid. Ça a convaincu Chris, qui s’est lancé aussi en faisant la grimace. Ils m’épatent, tous les deux… Parlant de toilette, je réalise que je ne vous ai jamais dit à quoi ressemblent les WC d’Australie… En ville, Chris et Lucie disent que c’est la même chose qu’en France. A Cockle Creek, c’est comme ce qu’on voit le plus souvent dans le bush : une cabine en tôle ou en planche, un siège comme en ville mais posé sur un large tube vertical au-dessus d’une fosse en béton. Il y a du papier mais pas d’eau ni de lumière. Le risque, c’est de laisser tomber sa torche dans le trou…

Encore un drysdalia coronoides

Encore un drysdalia coronoides

Il y a trois espèces de serpent en Tasmanie. Le drysdalia coronoides est en train de se fâcher avec Chris : il a manqué de marcher sur l’un d’eux à Bruny Island et il a marché pour de bon sur un autre à Cockle Creek, toujours sans s’en rendre compte ! Il a de la chance que ces serpents ne soient pas agressifs. Moi, si on me marchait dessus, je ne serais pas content… Le pauvre animal a été un peu sonné puis il s’est enfui dans les herbes. Il a eu bien raison de garder son venin pour les oiseaux qui essaieront de le manger. Au fait, je ne vous ai pas dit où on marchait…

Au matin du deuxième jour, le réveil a été un peu difficile, Chris et Lucie ont eu bien du mal à se reposer dans le froid. Ils ont pourtant décidé de partir, comme prévu, randonner dans le Southwest National Park. Notre destination était la South Cape Bay (baie du cap sud). On est parti en fin de matinée sur un chemin de sept kilomètres. Lucie somnolait et peinait à avoir une bonne allure alors on faisait souvent des pauses pour qu’elle grignote. Chris a marché sur un malheureux serpent qui ne demandait rien d’autre que d’essayer se se réchauffer un peu sur une planche… Puis il s’est passé quelque chose dont on se souviendra longtemps. Lucie (maintenant ragaillardie) a douté de la solidité d’un petit pont en bois. Elle a sorti le caméscope et a suggéré à Chris de passer le premier. Elle l’a filmé pendant qu’il passait sans aucun souci de l’autre côté du ruisseau. Elle a refermé le caméscope, baissé son bras et regardé quelque chose dans le ruisseau. Tout à coup, elle a crié dans un murmure, toute excitée : «Un platypus !» (Chris et Lucie commencent à ne plus très bien parler français alors je traduis pour vous. Platypus, ça veut dire ornithorynque.) Dans son sac à dos, je regardais vers l’arrière du sentier. De l’autre côté du pont, Chris regardait vers l’avant du sentier. Pendant ce temps, Lucie regardait un ornithorynque descendre le ruisseau, à deux mètres de ses pieds. «J’ai vu une bûche bizarre pendant deux secondes et demi puis elle a sorti ses pattes et j’ai vu un ornithorynque pendant une demi seconde !» Alors qu’on regardait encore le trou dans lequel il avait disparu, une famille de randonneurs nous a rattrapés et dépassés. On ne leur a rien dit… On a continué à chercher un peu, on s’est caché un peu plus haut… Mais on n’a jamais revu l’ornithorynque.

South Cape Bay

South Cape Bay

A mesure qu’on s’approchait de la côte, on entendait un bruit sourd dans la forêt. Ce n’était ni un thylarctos plummetus, ni une des cascades des ruisseaux qu’on traversait… Peut-être le vent… On a commencé à voir un peu de sable par endroits sur le sentier et le bruit était de plus en plus fort. Nos doutes ont été confirmés : alors qu’on en était encore à plusieurs centaines de mètres, c’était le grondement de la mer qu’on entendait déjà ! Chris et Lucie avaient les jambes trempées par les herbes presque aussi grandes qu’eux qui poussaient au-dessus du sentier et ils mettaient souvent les pieds dans des sortes de flaques de boue glissante. La pluie, c’est bien de temps en temps… A un moment, Lucie s’est étonnée de voir une crotte de chien toute fraîche en plein milieu du sentier. Les chiens ne sont pas admis dans les parcs nationaux… Puis elle a remarqué l’épaisseur de la végétation et a repensé à la famille qui nous avait doublés un peu plus tôt. Elle s’est dit que les gens, parfois, sont vraiment sales et elle a conseillé à Chris de faire encore plus attention à ses pieds. Plus loin, encore une crotte marron toute brillante… Beark ! Je vais faire une petite entorse à mes habitudes en vous disant quelque chose qu’on ne savait pas au moment où il s’est passé ce que je suis en train de vous raconter : ces crottes étaient (95% de certitude) des crottes de diables de Tasmanie ! On a manqué d’en voir un (ou deux) à pas grand chose ! Comme on ne le savait pas, on a continué notre marche et on est arrivé à la mer. Ce qu’on a vu se passe de commentaires…

South Cape Bay, face à l'antarctique

South Cape Bay, face à l’antarctique

On y est resté un long moment puis on a fait le chemin inverse. La nuit est tombée, la pluie s’est accentuée et, cette fois, c’est Chris qui a eu du mal à avancer. On est tout de même arrivé à bon port et on a découvert que notre chemin faisait en fait quatorze kilomètres, avec le retour. On a aussi vu que quelqu’un avait eu l’amabilité de compléter le registre à notre place en y indiquant qu’on était déjà revenu… Enfin, cette journée très riche en émotions s’est terminée sur la douche froide dont je vous ai parlé un peu plus haut.

Notre route vers un prochain parc national passait par Hobart, où on a refait des provisions et le plein d’essence avant d’emprunter l’itinéraire que vous connaissez déjà. Je me mets tout de suite au travail pour vous rapporter (plus succinctement) ce que Chris et Lucie ont fait et pour vous montrer quelques photos et vidéos. Le prochain article sera diabolique !

11 commentaires à Cockle Creek et South West National Park

  1. FilOse, le 12/05/2013 20:28:27 +10:00

    Bonjour,

    Diable où es-tu ?

  2. Michelle, le 12/05/2013 22:05:47 +10:00

    Eh doucement Saladolar, ça se voit que tu as rechargé les batteries, tu nous abreuves d’articles sans nous laisser le temps de répondre. Mais bon, il vaut mieux ça qu’un long silence.
    A bientôt pour commenter la suite de vos aventures, on va lire ça à tête reposée.
    J’ai surtout vu qu’il y avait de très merveilleuses photos, et des moins appréciées par moi….tu te doutes desquelles.

    1. Saladolar, le 12/05/2013 22:22:12 +10:00

      Ah ! Michelle ! Te re-voilà !
      Je commençais à croire que tu avais attrapé une deuxième grippe ! ;-)
      C’est vrai que pendant nos dix jours de silence, on a fait tellement de choses que les articles s’enchaînent un peu vite pour rattraper le retard… Mais ne t’en fais pas, tu peux prendre tout ton temps pour les lire. Tu peux aussi prendre tout ton temps pour regarder les photos des serpents ! :-D

  3. marie-Jeanne, le 13/05/2013 14:53:30 +10:00

    Ca y est! Vous êtes arrivés à l’extrême sud de la Tasmanie.Toujours pas de diable mais Lucie a aperçu un ornithorynque…Il ne fait vraiment pas chaud en Tasmanie et toujours la pluie…
    Nous attendons ton prochain article,Saladolar,que tu nous annonces diabolique :-).

  4. Flore, le 14/05/2013 03:27:29 +10:00

    Dis donc Chris vu ton rapport avec les reptiles du sud, je crains le pire quand tu seras confronté à ceux du nord: les crocos risquent de riposter un peu plus violemment quand tu leur marcheras sur la queue!!

    1. Chris, le 19/05/2013 21:48:42 +10:00

      Je dirai à Lucie de passer devant pour me dégager le passage ;-).

  5. Marie-Christine DESSELLE, le 14/05/2013 03:32:25 +10:00

    Quel courage tous les trois pour affronter ainsi les intempéries ! C’est beau d’être jeune !!! Et encore merci pour tous vos beaux articles qui nous apprennent tant de choses. Un gros bisou sur le groin de Saladolar !

    1. Chris, le 19/05/2013 21:58:02 +10:00

      Je ne sais pas si c’est vraiment du courage… Si on avait pu être abrité à coté d’un bon feu, on en aurait bien profité ;-).

  6. FilOse, le 14/05/2013 06:54:28 +10:00

    bonsoir tous,

    Saladolar, quelle plume !!!!!!!!!!

    Les excellentes photos nous font découvrir des animaux qui nous étaient inconnus.

    Mais ce que j’admire le plus, c’est le pouvoir d’adaptation de l’être humain et des Suidés.
    1 – de passer d’un 40 m² à 3,5 m²
    2 – de dormir à trois sur une planche avec 20 centimètres sous plafond (il faut éviter les réveils en sursauts)
    3 – de prendre des douches froides en 2 minutes au lieu de 20 minutes mini avec de l’eau bouillante
    4 – d’aller dans des toilettes gardé par des araignées
    5 – de crapahuter sur des chemins grouillants de serpents
    6 – je ne parle pas de la tambouille, que je suppose sommaire dans ces conditions qui leur sont extrêmes.

    De retour dans la civilisation Ardennaises, tous va paraitre un luxe pour nos trois baroudeurs.

    ‘-) 8-) :-S

    1. Chris, le 19/05/2013 22:00:15 +10:00

      Mais je crois qu’on s’habitue bien plus vite au luxe que le contraire donc de retour en France, on reprendra vite nos aises :-).

  7. Michelle, le 16/05/2013 19:40:08 +10:00

    Nous n’avons pas la mer, mais nous avons le ciel de couleur identique, la pluie et le vent. Voyez, on peut compatir un peu sur votre sort tout en étant plus privilégiés quand même avec nos vêtements chauds dans les armoires et le feu dans la cheminée.
    Nous ne pouvons que saluer votre courage et votre ténacité à braver tous les éléments.
    Comme le souligne FilOse, de retour en France tout va vous paraitre magique. Le robinet qu’il suffit de tourner, le bouton qu’il suffit de pousser, et j’en passe………. même le grille pain de Lucie va apprécier la prise pour faire dorer les toasts.