Lake Eyre et Oodnadatta Track

Posté par le 20 juillet 2013 (du 05/07/2013 au 09/07/2013)
Il fait beau, la route est ouverte !

Il fait beau, la route est ouverte !

L’Oodnadatta Track est une piste d’environ six cent kilomètres qui suit le tracé historique du chemin de fer The Ghan entre Maree et Marla. Le train ne circule plus mais la piste, qui serpente à travers une grande diversité de paysages, est très apprécié des campeurs en 4×4. On avait hâte de la parcourir. On a commencé par compléter nos réserves d’eau potable avec plus de quarante litres de la délicieuse eau de pluie (très !) fraîchement tombée sur le toit de l’office du tourisme de Petersborough puis on a fait un petit crochet par une attraction locale : Magnetic Hill. Suivant les instructions d’un panneau, on a arrêté le moteur et mis la voiture au point mort… Elle a remonté la colline ! Chris s’est amusé à recommencer plusieurs fois, Lucie vérifiait la pente du chemin avec un niveau à bulle de fortune (une bouteille d’eau) et, moi, je m’impatientais… Encore perplexes, ils se sont enfin décidés à reprendre la route. Le bitume a laissé place à la terre battue en fin d’après-midi, un peu avant notre arrivée à Maree. Après quelques hésitations, on s’est garé dans un camping gratuit : l’arrière d’un bar-hôtel. Une offre d’emploi était affichée à côté de la porte : « WANTED consommateurs ! pas d’expérience requise, formation assurée ! » mais on était un peu trop fatigué pour postuler…

Lac Eyre - une brindille salée

Lac Eyre – une brindille salée

L’aventure a commencé samedi de bon matin… Par une dernière vraie douche chaude ! Il ne pleuvait plus, la piste était ouverte… Parfait ! Il y a très peu d’habitants le long de la route : quelques fermiers, quelques pompistes… Et quelques originaux ! L’un d’eux a décoré sa propriété avec des ouvres d’art insolites visibles depuis la route. On est allé marcher entre les avions plantés, les pendules géants, les fleurs métalliques, les humanoïdes et les autres sculptures. Ca a fait du bien de se dégourdir parce que la piste secoue un peu fort. En fin de matinée, on est arrivé au bord du lac Eyre. C’est plus une mer qu’un lac, je trouve. Il est immense ! En plus, il est salé ! Le paysage est si blanc qu’on croirait que tout est givré. J’ai vu des traces de kangourous, d’émeus, d’humains, de motos… L’eau remplissait les traces et le sel se déposait. Chris a trempé ses doigts dedans, il les a ressortis tout blancs ! Lucie aussi a fait des bêtises : elle s’est accroupie et a posé le caméscope sur ses genoux, il a glissé, il a fait une chute de vingt centimètres et est tombé dans le sel-sable sec en faisant un bruit bizarre. Maintenant, il ne s’allume plus. Avant de repartir, Chris a laissé un message sur le sol avec des traces de pas. Peut-être qu’on pourra le voir sur les prochaines photos satellites ! A votre avis, qu’est-ce qu’il a écrit ?

Beresford au petit matin

Beresford au petit matin

On s’est arrêté pour la nuit près d’un point d’eau en espérant y voir venir des animaux. Pour les attirer, Chris a même mis quelques épluchures de carottes, une pomme et des miettes de pain sur le capot. Raté ! Par contre, on a entendu des perroquets crier, on a vu un dingo au loin et on a pu admirer les étoiles. Il faisait très sec et il n’y avait aucune ville à des centaines de kilomètres à la ronde alors la voie lactée était splendide. Lucie a tenté de faire quelques photos du ciel mais elle avait froid alors elle est rentrée dans la voiture en se promettant de réessayer le lendemain. Quand le soleil se couche, il forme un superbe dégradé de couleurs sur l’horizon opposé. Quand il se lève, c’est pareil mais les couleurs sont inversées. Chris a su saisir l’instant où les perroquets blancs volaient devant ce qu’il appelle l’arc-en-ciel de l’horizon. A ce moment-là, Lucie avait encore la tête dans les étoiles ! Quand elle a ouvert les yeux, le charme de la vie dans le bush s’est rappelé à elle sous forme d’une pelle à récupérer et d’un trou à reboucher derrière un buisson. Chris s’était déjà chargé de ranger le rouleau de papier.

Un dingo curieux

Un dingo curieux

Quelques dizaines de kilomètres plus loin, on est arrivé à William Creek. Vu que Chris et Lucie avaient oublié (ok, je n’y ai pas pensé non plus…) de refaire le plein d’essence à Maree, un passage à la pompe s’imposait. Oh, surprise ! Oh, misère… Le sans plomb coûtait 1,98 AU$/L ! (A Adélaïde, c’était environ 1,50 AU$/L) L’outback, ça coûte cher… Face à la station service, il y a un petit parc avec une collection de débris spatiaux rapportés du désert. Un morceau de fusée par-ci, un missile par-là… Il y avait aussi un panneau qui indiquait qu’on se rapprochait de Paris : plus que 14 950 km ! On a repris la route et on a vu des dingos de près : d’abord quelques uns qui semblaient se plaire près de la déchetterie pourtant bien grillagée de William Creek puis un autre, quelques centaines de kilomètres plus loin, qui s’est couché à moins de dix mètres de la route, nous a regardés, s’est relevé, nous a encore regardés et a décidé d’aller voir ailleurs.

Une partie de la voie lactée

Une partie de la voie lactée

On a continué notre chemin jusqu’à Algebuckina bridge, un gros pont de chemin de fer. On y aurait bien passé la nuit mais il y avait trop de campeurs à notre goût alors on a préféré rouler encore un peu. On s’est finalement arrêté dans un endroit complètement désert : à l’ancienne gare Dutton, il n’y avait ni campeur, ni arbre, ni buisson, ni animal visible ou audible. A peine quelques touffes d’herbes chétives près du bâtiment, pratiquement plus que des cailloux après quelques mètres. Il y avait beaucoup de vent donc on s’est installé dans la ruine pour faire un petit feu de camp. Heureusement qu’on avait du bois et des écorces dans la voiture… Au menu : saucisses, pain, sauce tomate et marshmallows grillés ! Le corps réchauffé et l’estomac plein, Lucie à tenté de faire quelques photos des étoiles. Pas facile avec le vent ! Au bout de pas longtemps, elle s’est réfugiée dans la voiture en tremblant.

Pink Road House

Pink Road House

Au réveil, on s’est rendu compte qu’il y avait plein, plein, plein de bouts de verre entre les cailloux, à peu près partout autour de la gare. Tous les campeurs ne sont pas des gens bien… Par chance, nos pneus n’étaient pas à plat. On a repris la route en ayant l’impression d’explorer la planète Mars, tellement le paysage était rouge et caillouteux. De temps en temps, du sable remplaçait les cailloux et on revoyait des buissons et même de jolies fleurs jaunes ou roses. En fin de matinée, on est arrivé à Oodnadatta, où se situe la célèbre Pink Road House. Malheureusement, celui qui faisait la renommée de cette station service – restaurant – garage – office du tourisme est décédé brutalement il y a un peu moins d’un an et on a senti qu’une partie de la vie de l’endroit a disparu avec lui. Chris et Lucie s’y sont tout de même offert des Oodnadatta burgers et on y a fait le plein (2,13 AU$/L !). Avant de repartir, on s’est aperçu qu’il y avait un trou dans le plastique d’un de nos phares… La plupart des voyageurs gardent leurs distances et ralentissent quand ils s’approchent d’une autre voiture mais il y en a aussi eu beaucoup qui nous ont doublés en faisant des queues de poisson et qui nous ont croisés en roulant vite et trop près… La poussière volait et les cailloux pleuvaient. Pauvre phare.

Coucher de soleil dans les nuages

Coucher de soleil dans les nuages

On redoutait la pluie du lendemain et les nuages qui ont commencé à s’accumuler dans l’après-midi ne nous ont pas rassurés. Par contre, ils nous ont offert un superbe coucher de soleil ! Le lendemain, Chris et Lucie se sont réveillés inquiets d’avoir du mal à rouler. On surveillait le ciel en espérant que la pluie ne rende pas la piste boueuse. On est arrivé à Marla, au croisement de l’Oodnadatta Track et de la Stuart Highway, en fin de matinée. On avait à peine vu quelques minuscules gouttes de pluie. Ouf ! On a refait un plein d’essence douloureux pour le portefeuille (2,10 AU$/L) et on est parti à la rencontre de notre prochaine aventure : travailler dans une mine d’opale à Mintabie !

L'art du recyclage

L’art du recyclage

Message de Chris au lac Eyre

Message de Chris au lac Eyre

Une plaine

Une plaine

Algebuckina bridge

Algebuckina bridge

La piste de l'Oodnadatta track

La piste de l’Oodnadatta track

On se rapproche !

On se rapproche !

C'est caillouteux par ici !

C’est caillouteux par ici !

Saladolar a trouvé de la vie sur Mars !

J’ai trouvé de la vie sur Mars !

7 commentaires à Lake Eyre et Oodnadatta Track

  1. La Gélinotte, le 20/07/2013 21:48:31 +10:00

    Ouin, tu poses une question, et tu donnes la réponse plus bas. Et pis t’as pas mis de vidéo de la voiture qui remonte la colline au point mort.

    1. Chris, le 21/07/2013 20:25:04 +10:00

      La pente était très douce (à moins que ce n’était un effet optique…) donc sur la vidéo, ce n’est pas flagrant que le 4×4 remonte la pente.

  2. marie-Jeanne, le 21/07/2013 02:57:53 +10:00

    Je suis contente que vous ayez eu du beau temps pour réaliser l’Oodnadatta-track. Votre article me rappelle le reportage que j’avais vu sur Arte. Le réalisateur parlait également du célèbre relai routier, Pink Road House et il connaissait bien le propriétaire qui venait de décéder lors d’une course automobile à Adélaïde.
    Bravo à Christophe pour son message au lac Eyre : chroniquesdaustralie ( pas difficile de deviner, comme dit La Gélinotte ) :-) Pensez-vous qu’il restera longtemps? :-)
    Est-ce-que c’est nouveau que sur votre vidéo apparaissent 12 autres vidéos à la suite? Dommage que ce soit en anglais, il faudrait pouvoir les traduire…
    Bonne continuation dans votre traversée du désert.
    Bisous à tous les trois.

    1. Lucie, le 21/07/2013 20:21:57 +10:00

      Hé non, justement, le message n’est pas exactement « chroniques d’Australie »… Il a réussi à faire une faute d’orthographe !

    2. Chris, le 21/07/2013 20:29:32 +10:00

      Les 12 autres vidéos à la suite, c’est Youtube qui suggère des vidéos qui devraient être dans la même thème mais elles n’ont rien à voir avec nous.

      C’est possible que mon message dans le sel reste assez longtemps si personne ne vient le saboter. On a vu des traces de pas recouvertes de sel donc elles ne devaient pas dater d’hier.

  3. Damien, le 24/07/2013 05:53:32 +10:00

    Quel paysage vaste, et quels magnifiques ciels/étoiles !!! Cela devra donner plein de souvenirs.
    Vive l’aventure !
    Damien