Une semaine à Alice Spring

Posté par le 22 août 2013 (du 27/07/2013 au 02/08/2013)
« Bienvenue à Alice Spring »

« Bienvenue à Alice Spring »

En arrivant à Alice Spring, la priorité était de trouver un hébergement. Avec des pneus à changer, une courroie et un filtre à air à remplacer et une huile à vidanger, il fallait prévoir de rester en ville une semaine. Plusieurs jours avant qu’on y arrive, Chris et Lucie avaient contacté un hôte potentiel pour lui proposer de travailler quelques heures par jour en échange de son hospitalité. La réponse a été rapide mais négative puisque la famille était partie en vacances. Chris et Lucie ont aussitôt envoyé une demande à quelqu’un d’autre. C’était quand on était à Uluru… On n’avait toujours pas de réponse quand on est arrivé à Alice Spring. Ça a un peu mieux marché avec le téléphone ; l’hôtesse nous a donné rendez-vous dans un bar le jour-même, en fin d’après-midi. Elle avait déjà vingt minutes de retard quand elle a pris la peine de nous téléphoner. Elle n’avait pas vu le temps passer et rentrait directement chez elle où elle nous invitait à la rejoindre pour le dîner. Quand on est arrivé, on l’a trouvée bizarre. Chris et Lucie ont discuté un peu avec elle et elle leur a demandé « Vous ne venez pas de Cairns ? – Non… – M*** ! – … ? – Vous m’avez contactée quand ? – Par email la semaine dernière… – Et je vous avais répondu ? – Non. – J’ai dit oui à quelqu’un d’autre. Ils doivent arriver demain. Désolée. » Elle attendait d’autres personnes et nous a confondus avec eux quand Lucie lui a téléphoné. Il était six heures du soir, le soleil était presque couché, on ne savait ni où manger, ni où dormir et elle nous laissait à la rue après nous avoir fait perdre notre après-midi. Jusque là, on avait toujours été très bien accueilli par nos hôtes alors ça nous a fait un choc… Finalement, on est allé passer la nuit sur une aire de repos à quelques kilomètres de la ville. On était encore fatigué le lendemain matin quand Lucie a fait une troisième tentative. C’était la bonne ! On a été accepté par une personne qui avait déjà des gens chez elle cette semaine mais qui voulait bien de nous parce qu’elle avait besoin de bras. Petit bémol : il faudrait dormir dans la voiture. Vendu ! C’est toujours mieux que de dépenser une fortune en camping et supermarché. En plus, vivre chez l’habitant nous permet de mieux découvrir les régions qu’on visite et d’apprendre plein de choses très intéressantes. C’est comme ça qu’on a su qu’Alice Spring était une ville d’artistes… Et on allait justement passer quelques jours chez une artiste.

Un joli perroquet

Un joli perroquet

Alice Spring, c’est la ville où le mineur d’opales de Mintabie était hospitalisé depuis une semaine. Chris et Lucie ont voulu lui faire la surprise d’une visite mais ce sont eux qui ont été surpris : il était sorti de l’hôpital après seulement deux jours ! On n’en a pas su plus mais on a supposé qu’il allait mieux et qu’il allait tranquillement se reposer chez lui. Qu’est-ce que c’est agréable, une bonne nouvelle ! En retournant à la voiture, c’est avec le coeur léger qu’on a admiré un joli perroquet vert qui arrachait des fleurs dans un buisson. Il était amusant et pas très farouche. Ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu un oiseau de près.

Des super pneus tout neufs !

Des super pneus tout neufs !

On a eu quelques soucis de communication avec notre hôtesse-artiste. Elle avait des choses à faire dans Alice Spring et elle devait nous retrouver en ville ensuite pour nous guider jusqu’à chez elle mais on avait beau attendre, on n’avait pas de nouvelle. Finalement, on lui a demandé si on avait le temps d’aller demander un devis à un garagiste et elle a répondu « bien sûr ». On ne se doutait pas qu’elle allait tranquillement rentrer chez elle sans nous ! Du coup, on est parti à la recherche d’un garage. Le premier pouvait nous faire la vidange deux jours plus tard mais, comme Chris et Lucie ne connaissaient pas encore leurs heures de travail, il ne pouvaient pas prendre le rendez-vous. Par contre, pour les pneus, il n’était pas disponible avant plus d’une semaine donc il nous a indiqué un autre garage. On y est allé… On nous a annoncé un tarif de 240 AU$ par pneu. Impensable ! On est allé voir un autre garage… même prix ! Lucie a essayé d’en savoir plus mais même en choisissant des sillons moins profonds, le prix ne baissait que de dix dollars… Le garagiste lui a proposé d’aller acheter un pneu d’occasion et de revenir avec pour le faire installer à la place du pneu éclaté. Chris a fait la grimace, Lucie aussi… Mais il ont décidé de choisir cette solution. On est allé chez un vendeur de pièces détachées qui n’avait pas ce qu’on voulait en stock et, là, Lucie nous a fait un coup de maître en négociation. Le pire, c’est qu’elle ne l’a même pas fait exprès ! Le vendeur lui a confirmé que 240 AU$ était le prix habituel mais, croyant que Lucie avait obtenu un rabais à 170 AU$, il a téléphoné à un de ses amis et lui a fait une offre à 165 AU$ ! Pour un pneu neuf ! Chris a dit que c’était bête de mettre un pneu neuf sur la roue de secours et de rouler sur des pneus usés. Nouveau coup de téléphone… L’ami était d’accord pour installer deux pneus neufs pour deux fois 165 AU$. Par contre, il fallait y aller sur-le-champ. Toujours pas de nouvelle de notre artiste… On fonce. On avait les deux pneus arrière à changer immédiatement et les pneus avant à changer dans peu de temps… Chris a demandé si on aurait le même prix en changeant les quatre pneus… Oui. Deux heures après, on avait quatre pneus tout neufs et le meilleur des anciens pneus en guise de roue de secours. Ah, voilà une bonne chose de faite ! Et ce sont de très bons pneus ! Avec ça, même la boue ne nous fera plus peur ! On est revenu dans le même garage quelques jours plus tard pour changer l’huile, une courroie et le filtre à air. Ça a coûté deux fois plus cher que la révision précédente…

Chris et Lucie plombiers de jardin !

Chris et Lucie plombiers de jardin !

Cette expérience de wwoofing a déçu Chris et Lucie. Ils ont été bien accueillis : tasse de thé, visite rapide des lieux… et hop, au boulot ! Ils ont ratissé des feuilles mortes pendant une heure et demi et ils ont été envoyés aux fourneaux pour préparer le dîner. Viande interdite, féculents limités, rangement dur à deviner, ustensiles inconnus, interrupteur pour la lumière introuvable… Ca n’a pas été facile. Ils n’étaient pas très joyeux à la fin de la journée. Ça fait cher payé en travail pour n’avoir qu’un dîner (fait par soi-même) en retour… Surtout que pendant tout ce temps, l’hôtesse était ailleurs et n’a rien apporté d’intéressant si ce n’est une information pendant le repas : elle reçoit une a deux demandes d’hébergement par jour… Le lendemain, Chris et Lucie ont commencé à travailler aux aurores après un petit déjeuner pris seuls, debout et sans savoir ce qu’ils pouvaient manger. Puis ils sont retournés ratisser sous d’autres arbres. Notre hôtesse est partie dans la matinée et est revenue avec deux nouvelles travailleuses. Lucie a posé son râteau pour aller les saluer mais quelque chose l’a poussée à vite se remettre au travail. Les deux nouvelles venues étaient françaises. Elles ont découvert la caravane dans laquelle elles allaient dormir, ont fait un rapide tour guidé des lieux, ont bu un café et ont reçu du travail. Contrairement à Chris et Lucie, elles n’ont pas osé prendre l’initiative d’arrêter de travailler pour la journée. L’hôtesse les a laissées trimer des heures et des heures.

Coups de soleil à midi, gla-gla pendant la nuit

Coups de soleil à midi, gla-gla pendant la nuit

Chris, dégoûté, avait envie de partir mais Lucie l’a convaincu de ne pas se forger une opinion si vite. Finalement, c’est elle qui a été la plus déçue. Pour leur troisième jour, Chris et Lucie ont dû creuser trois énormes trous dans un sol très dur pour planter des arbres. Pendant ce temps, les deux autres désherbaient le potager, de l’autre côté de la maison. Impossible de communiquer… L’hôtesse est allée chercher une autre travailleuse, allemande. Elle l’a envoyée dans la cuisine en lui demandant de préparer un déjeuner pour six personnes. A choisir, j’aurais sûrement préféré creuser des trous… Mais j’ai eu une meilleure idée : je me suis caché à l’ombre et au frais. Les cinq jardiniers ont eu des coups de soleil et Lucie a eu une espèce d’insolation, ce qui fait que Chris a dû travailler deux fois plus dur. Le bilan de cette expérience de wwoofing, c’est quatre à cinq heures de jardinage par jour plus les repas à préparer, la vaisselle à laver et les chiens à promener. Tout ça pour avoir le droit de dormir dans la voiture par des nuits glaciales, d’utiliser la salle de bain dans le noir et de manger des légumes sans consistance qui mettent à mal les tubes digestifs pas habitués. Et ne rien apprendre sur la ville ou la région. Le plus dur pour le moral a été la soirée où l’hôtesse était partie mais est finalement revenue et a mis les pieds sous la table avec une de ses amie en se servant largement dans le repas qui n’était pas prévu pour tant de personnes. Pendant la soirée, elle n’a parlé qu’avec son amie et ne s’est rendue utile en rien. Trop, c’est trop. Chris et Lucie ont (enfin !) décidé de partir. Je les trouve quand même un peu benêts parce qu’il se sont laissés convaincre de finir leur travail : les trous creusés puis rebouchés en ajoutant de la paille et du fumier avaient encore besoin de tuyaux d’irrigation… Il ont accepté contre le droit d’utiliser la machine à laver. Au moins, maintenant, ils savent faire des dérivations sur les tuyaux en plastique… Ils ont pris une dernière douche, ont rempli quelques bidons d’eau et les douches solaires et on est parti avant le déjeuner. On a délaissé les légumes pour manger dans un fast-food sans avoir la moindre impression de faire une erreur.

Dans Alice Spring, on a croisé des aborigènes. Malheureusement, nos premières impressions ont été renforcées. Soit ils étaient européanisés et on les remarquait à peine, soit ils mendiaient et harcelaient les passants à la sortie des supermarchés ou erraient devant l’hôpital. Il y a des aborigènes qui vivent selon leurs traditions, on en est sûr. Mais ceux qu’on remarque le plus, c’est ceux qui renvoient une très mauvaise image. C’est malheureux mais c’est certainement de ceux-là qu’on se souviendra le plus.

On est retourné dormir sur la même aire de repos qu’à notre arrivée en planifiant la suite de notre itinéraire. On a refait des provisions de boîtes de conserves et de pain et on est allé acheter quelques outils pour Christophe. Personne ne sait vraiment comment Lucie a fait (même elle) mais elle a réussi à faire rentrer un gros tamis et une petite pioche dans la voiture…

11 commentaires à Une semaine à Alice Spring

  1. Michelle, le 11/08/2013 16:51:29 +10:00

    Oui oui, c’est vrai, tout va trop vite et même les articles de l’un ou de l’autre. J’ai un retard considérable pour vous répondre alors si vous prenez votre temps pour le prochain ce n’est pas grave, j’espère que d’ici là j’aurais réussi à faire quelques commentaires.
    Dans les Ardennes il recommence à faire frisquet le matin, il y a un peu de brouillard, mais la journée reste belle même si ce ne sont plus des T° très élevées.
    J’espère de tout cœur que tout va bien pour vous 3. Je vous embrasse.

  2. Zina, le 16/08/2013 06:20:40 +10:00

    Jai hate de lire votre recit sur Alice Spring. J’ai eu comme une sensation de malaise et de deja vu, et certaines immages me rappelent les conditions de vie des Natives americaines dans les reserves indiennes aux USA…

  3. marie-Jeanne, le 21/08/2013 12:53:12 +10:00

    En ce 21 août, jour de la Saint-Christophe, je tiens à souhaiter une bonne fête à Christophe.
    Je profite de l’occasion pour dire que nous sommes tous ici en attente de nouveaux articles.
    Alors, Chris, si tu pouvais transmettre cette requête à Saladolar :-). Tu pourrais même l’aider en rédigeant un article de temps en temps comme tu l’as déjà fait.
    Encore une fois: « Bonne fête Christophe »
    Bisous à tous les trois.

    1. Chris, le 21/08/2013 16:43:53 +10:00

      Merci :-). En ce moment, on a du confort comme on n’en a pas eu depuis de longs mois donc on va essayer de rattraper une partie de notre retard.

  4. Michelle, le 21/08/2013 23:34:02 +10:00

    Comme je zappe calendrier poste et télé, je ne savais pas que c’était la Saint Christophe aujourd’hui.
    Alors je me joins à Marie Jeanne, et je souhaite une bonne fête à Chris.
    Pour répondre aussi à Chris qui signale avoir trouvé un peu de confort lors de cette étape là, j’oserais dire « profitez en tous les trois pour vous détendre, réapprendre à ce que veux dire tourner un robinet pour avoir de l’eau chaude, brancher un appareil pour qu’il fonctionne, se chauffer sans pour autant écumer les parages pour trouver du bois, etc…. »
    Bien sur, nous adorons vos articles, mais Saladolar à lui aussi le droit de délaisser un peu le stylo,et se ressourcer avant le prochain départ.
    Bisous à tous.

    1. Chris, le 02/09/2013 19:53:46 +10:00

      Merci :-).

  5. Lucie, le 22/08/2013 23:53:36 +10:00

    Ça y est, l’article de Saladolar est publié ! On est désolé de vous avoir fait attendre. Bonne lecture.

  6. La Gélinotte, le 23/08/2013 01:01:08 +10:00

    ah ben moi aussi, j’ai quatre semelles neuves, et parait-il que les miennes vont me faire consommer moins d’essences…(j’avais aussi un pneu crevé…) Mais j’ai eu beaucoup moins de difficultés que vous pour les remplacer, déjà que ce n’est pas moi qui s’en est chargée.

  7. valérie, le 23/08/2013 18:00:58 +10:00

    Eh beh que d’aventure……. Espérons que ses souvenirs restent quand même une bonne expérience et un bon choix de vivre ainsi…. Courage les cousins nous pensons bien à vous gros bisous à vous 3

  8. Damien, le 23/08/2013 18:29:27 +10:00

    Toute expérience est bonne à prendre, même si la convivialité n’est pas au rdv.
    Bon courage pour la suite !
    Damien

  9. Michelle, le 30/08/2013 03:27:05 +10:00

    Que d’embuches, de galères, de dépenses imprévues heureusement diminuées par le savoir marchander de Lucie, mais quand même !! Par contre, je suis toujours très surprise de l’attitude des garagistes. Aucune concurrence, ils n’ont pas ou ne peuvent pas vous dépanner dans l’immédiat, ils vous envoient chez le voisin. On ne voit pas ça en France.
    C’est dommage que vous n’ayez pas pu revoir votre mineur, je suis sure qu’il aurait été agréablement surpris de constater que vous veniez prendre des nouvelles de sa santé. Enfin tant mieux pour lui s’il était sorti de l’hôpital, ça signifie qu’il avait retrouvé la forme.
    Vous êtes où exactement ? sur Mars ? car il me semble que vous êtes tombée sur une extra-terrestre en la personne de « l’artiste ». Ces gens ont beau -pour la plupart- « vivre à l’Ouest » il me semble qu’un minimum de savoir vivre serait le bienvenu. Elle tient le flambeau de la bêtise humaine, et de la profiteuse pure et dure. Ce n’est pas facile de tout laisser tomber et prendre ses cliques et ses claques car j’imagine que vous pensiez que le lendemain les choses rentreraient dans l’ordre. Vous avez fait preuve de gentillesse à son égard, elle ne le méritait pas du tout. J’espère de tout mon cœur que le prochain travail vous fera oublier ce fâcheux épisode.
    Bon Saladolar, je vois que tes maitres n’ont pas perdu l’espoir de devenir le temps de quelques jours ou quelques semaines chercheurs de pépites ou de pierres précieuses puisqu’ils ont fait l’acquisition de matériel adéquat. J’ose espérer que la récolte sera bonne, et même si ce n’est pas le cas, la découverte de quelques « cailloux » brillants ou colorés apportera quelques petits plaisirs.
    Belle photo aussi de ce ravissant perroquet, mais celle du thermomètre jette un froid.
    Un gros bisous à tous les trois, et bonne route maintenant que la voiture s’est offerte des chaussures neuves.