Sur la piste du fossicking…

Posté par le 23 août 2013 (du 03/08/2013 au 05/08/2013)
Saladolar le fossickeur

Saladolar le fossickeur

Nous avions environ une semaine pour rejoindre notre prochain hôte au Nord-Est de l’Australie, un peu au sud de Cooktown, ce qui faisait un peu plus de 2700 kilomètres à parcourir. Après avoir changé nos quatre pneux et fait la révision de notre voiture, nous pensions emprunter la Plenty Highway, une piste en grande partie non revêtue d’environ 500 kilomètres suivis de 300 kilomètres de piste avec des passages en mauvais état avant de rejoindre une route « normale ». En nous renseignant sur cette piste, nous avons quelque peu revu nos plans. Cette piste semble être un peu plus risquée que les précédentes que nous avions faites et surtout, une fois engagé dessus, il n’y a pas moyen de bifurquer pour reprendre une bonne route. Bien que notre 4×4 soit en très bon état d’après le garagiste, nos connaissances en mécanique sont un peu trop légères pour cette piste. S’il nous arrivait un souci en plein milieu, nous risquions d’y mettre une fortune… Nous avons donc décidé d’emprunter la Stuart Highway, la route principale qui traverse l’Australie du sud au nord, qui est en très bon état et très fréquentée. Cependant, nous voulions revoir un petit peu le bush du milieu de l’Australie avant de rejoindre la mer. Nous avons trouvé un compromis : faire un petit bout de chemin sur des pistes à l’est d’Alice Spring pour rejoindre ensuite le début de la Plenty Highway et ensuite la Stuart Highway. Cette solution ne comportait qu’entre 150 et 200 kilomètres de piste en pas trop mauvais état.

Quand nous étions à la mine d’opale à Mintabie, notre mineur nous avait donné des prospectus pour faire du tourisme entre Alice Springs et Darwin. Un de ces dépliants avait particulièrement attiré mon attention : un camping au nord d’Alice Springs proposait des tours pour aller chercher des pierres plus ou moins précieuses. En anglais, ça s’appelle du « fossicking » mais je n’ai pas trouvé de traduction exacte. Ça regroupe la recherche d’or, de pierres précieuses, de fossiles… Ça m’intéressait beaucoup mais le camping faisait payer assez cher la location des outils sachant qu’il fallait certainement dormir également au camping… En me renseignant sur Internet, j’ai trouvé qu’en Australie, il y a plein d’endroits où l’on peut trouver différents types de pierre. Le gouvernement s’est chargé d’avoir toutes les autorisations nécessaires auprès des propriétaires des terres pour que les touristes/fossickeurs puissent aller chercher des jolis cailloux. Il faut cependant obtenir un permis de fossicking dans le Territoire du Nord ce qui complique les choses. La veille de notre départ, nous avons donc été faire un tour au département des mines et de l’énergie à Alice Springs pour essayer d’avoir ce permis qui semblait gratuit. Nous avons eu la bonne surprise d’apprendre que ce n’était plus nécessaire dans cet état et que nous pouvions donc aller librement chercher des pierres précieuses dans les endroits désignés. Il y avait notamment deux endroits le long de la Plenty Highway (la piste qui nous semblait trop risquée) : le premier pour trouver du zircon et le second pour trouver du grenat. Sans se faire toute la Plenty Highway, nous comptions parcourir les 150 premiers kilomètres pour aller à ces deux endroits. Voila la raison de notre achat du tamis et de la pioche de jardin.

Après une nuit au Sud d’Alice Springs, nous étions prêt pour notre balade en 4×4. Après quelques kilomètres, la route goudronnée s’est rétrécie pour ne comporter qu’une seule voie qu’il fallait se partager avec les voitures qui venaient d’en face. Il n’y avait pas beaucoup de circulation donc ce n’était pas très gênant. Un peu plus tard, le goudron a disparu pour laisser place à la piste avec tous ses aléas : super lisse à des fois, plein d’ondulations à d’autres moment, de temps en temps plein de cailloux… Nos nouveaux pneus tenaient le coup.

A une centaine de kilomètres d’Alice Springs, nous sommes arrivés à Arltunga, un ancien village construit au milieu de nulle part car il y avait de l’or dans les parages ! Maintenant, il ne reste plus que des ruines. Il y a une sorte de petit musée en accès libre et des balades pour aller visiter les ruines et les mines. Nous avons eu la mauvaise surprise de voir une affiche disant que la route que nous voulions prendre pour rejoindre la Plenty Highway était fermée… ça ne nous arrangeait pas et ça allait rallonger notre route…

Une pierre avec des paillettes dorées brillantes

Une pierre avec des paillettes dorées brillantes

Nous ne nous attendions pas à trouver quelque chose à visiter ici. Nous pensions prendre une seule journée pour rejoindre notre aire de fossicking mais ça aurait été trop bête de ne pas découvrir cet endroit. Quand j’ai vu qu’il fallait une lampe torche pour aller à l’une des balades… notre choix a été vite fait. Une fois notre 4×4 garé sur le parking, nous avons commencé notre petite marche. La première mine n’était en fait qu’un rocher taillé et formait un petit trou. Pas besoin de lampe torche pour celle-là. Nous avons continué et avons vu deux plates-formes avec des échelles qui descendaient sous terre. Ça devenait intéressant. Nous sommes donc descendus dans la mine en libre accès qui avait été bien sécurisée. En fait, les deux échelles menaient à la même mine. On entrait par un coté et pouvait ressortir par l’autre. Le tunnel n’était pas très long, peut être une quinzaine de mètres, mais c’était très sympathique. Nous scrutions les parois à la recherche d’or mais je pense qu’il n’y avait plus rien d’intéressant depuis pas mal de temps… Nous avons trouvé plusieurs pierres qui comportaient des sortes de paillettes dorées. Nous nous demandions si ça pouvait être de l’or mais vu que c’était assez courant dans le coin, ça devait être autre chose. L’après midi était maintenant bien entamée et il allait bientôt faire noir. En regardant le dépliant que nous avions eu au département des mines et de l’énergie, je me suis rendu compte qu’il y avait une aire de fossicking toute près. C’était sûrement pour essayer de trouver de l’or. Donc direction le fossicking. Vu que ça nous faisait prendre du retard, nous avons décidé d’abandonner la recherche du grenat.

Notre campement dans la zone pour chercher de l'or

Notre campement dans la zone pour chercher de l’or

L’emplacement pour chercher de l’or n’a pas été simple à trouver et nous avons compris pourquoi c’était indiqué qu’il fallait un 4×4. La nuit n’allait pas tarder à arriver donc nous n’avons pas cherché de l’or le soir même. Nous avons préparé un bon feu de camp pour la soirée en ramassant des branches aux alentours. Avant qu’il ne fasse noir, nous avons vu des vaches dans les parages et les avons entendu durant toute la soirée. Nous scrutions assez régulièrement les alentours car nous préférions éviter un face à face…

Le lendemain matin, pendant que Lucie continuait de roupiller, j’ai sorti la pelle, le tamis et la pioche et j’ai tenté ma chance dans le lit d’une rivière asséchée. Je n’ai rien trouvé et surtout, je ne savais pas trop ce que je cherchais vraiment. Je n’avais pas de réseau téléphonique dans le coin donc impossible de trouver des informations sur comment faire et sur les bon endroits. En plus, c’était un peu décourageant de se dire que des personnes sont sûrement déjà passées avec des détecteurs de métaux et ont dû rafler tout ce qui était en surface… Je n’ai pas fossické longtemps. Tant pis. J’avais plus d’espoir pour les zircons car j’avais trouvé quelques informations sur Internet avant de venir.

Nous avons repris la route et avons eu la bonne surprise de trouver une piste sur la droite avec un panneau qui indiquait « Plenty Highway ». Ce n’était pas ce chemin que nous pensions prendre mais il ferait l’affaire. Le chemin n’était pas bitumé non plus. Nous sommes directement arrivés à coté de l’aire de fossicking de zircon. Ça s’annonçait beaucoup mieux que la recherche d’or. Il y avait plein de trous partout et j’avais lu sur Internet qu’il suffisait d’en prendre un qui était libre et de creuser dans la troisième couche du sol. Nous avons garé le 4×4 à une cinquantaine de mètres des trous pour passer la nuit. J’ai trouvé une place qui me semblait pas mal et y suis retourné avec la pioche de jardin, le tamis et la pelle. J’ai commencé à creuser et à tamiser. J’avais déjà trouvé des cailloux verts sur les tas de déchets des environs donc ça ne devait pas être ça que je cherchais. J’ai trouvé divers cailloux qui me semblaient prometteurs mais ne savait toujours pas si c’était du zircon. J’ai pris deux exemplaires de mes trouvailles et je suis allé les montrer à d’autres fossickeurs. Ils m’ont dit que ce n’était pas du zircon mais de l’apatite. On peut aussi s’en servir pour la joaillerie mais il y a beaucoup de fissures donc ce n’est pas top. Ils m’ont montré du zircon qu’on trouvait ici. C’est une pierre relativement noire mais la lumière passe un peu à travers en donnant une couleur jaunâtre. En fait, j’en avais déjà trouvé une. Ce n’était pas évident de faire la distinction entre le zircon et les vulgaires pierres car il y avait beaucoup de terre autour des cailloux qui empêchait de voir les reflets.

En plein travail avec la passette à pattes

En plein travail avec la passette à pattes

Depuis le début de notre voyage avec le 4×4, je n’arrête pas de dire à Lucie qu’il y a plein de choses dans le coffre qu’il faudrait mettre à la poubelle pour faire de la place… mais Lucie n’est jamais d’accord… Pour certaines choses, je pense toujours que c’est nécessaire mais je dois admettre que pour d’autres, je suis bien content qu’elles soient toujours là… Pour mieux trouver mes zircons, j’ai été chercher une bassine et un bidon de 10 litres d’eau pour nettoyer les cailloux. Le tamis étant trop gros pour la bassine, j’ai utilisé la passette pour les pâtes… c’était parfait et de toute façon, on ne s’en était jamais servi et elle était un peu cassée…

Apatite à gauche et zircon à droite

Apatite à gauche et zircon à droite

Lucie n’était pas très intéressée pour chercher le zircon donc au petit matin, je suis retourné à mon trou pendant qu’elle continuait de roupiller. Saladolar m’aidait en scrutant le tamis mais avait beaucoup de mal à comprendre pourquoi nous nous donnions tant de mal pour des cailloux… qui ne se mangeaient même pas ! Au final, j’ai trouvé une dizaine de petits zircons. Entre ces zircons et les opales, ça commence à faire beaucoup de chose à ramener en France. Je crois que la limite des 30 kilos de bagage en soute par personne sera vite atteinte…

Vers les 11 heures, il commençait à faire bien trop chaud et il n’y avait pas d’ombre. Nous avons donc repris la route (vive la climatisation) et avons rejoint la Stuart Highway sans souci. Depuis quelques dizaines de kilomètres, nous avions retrouvé le bitume. C’était beaucoup plus calme et ça secouait beaucoup moins. Cette petite boucle de 3 jours ne nous avait rapprochés de notre destination que d’une cinquantaine de kilomètres mais nous avions appréciés ces derniers moments perdus au milieu de nulle part.

La lumière passe au travers du zircon

La lumière passe au travers du zircon

4 commentaires à Sur la piste du fossicking…

  1. marie-Jeanne, le 23/08/2013 20:09:00 +10:00

    Magnifique article, très bien écrit et très agréable à lire!!!
    Christophe, tu vas pouvoir avoir ton diplôme de reporter et faire concurrence à Saladolar :-)

  2. Jeanie, le 25/08/2013 02:01:50 +10:00

    Salut, les neveu, nièce et chroniqueur, je suis d’accord avec Marie-Jeanne , j’ ai relu tous vos articles
    depuis le début de votre aventure dans ce lointain pays, cela fait rêver…. bisous à tous les trois.

  3. Jeanie, le 25/08/2013 18:40:42 +10:00

    Cela n’ a rien à voir avec votre très bon article, mais je viens de lire sur internet qu’un jeune de 24 ans
    s’était fait happé par un crocodile d’environ 7 mètres dans une rivière à côté de Darwin , en avez-vous
    entendu parler ?

    1. Chris, le 02/09/2013 20:13:09 +10:00

      Non, on n’en a pas entendu parlé. On est un peu « déconnecté » du monde en ce moment. Je viens de regarder un peu sur Internet. A priori, il a ignoré les panneaux qui prévenaient de la présence de crocodiles dans la rivière donc il a joué à la roulette russe et a perdu. Quand nous étions à Cooktown, au Nord de l’Australie, nous avons aussi vu des personnes se baignant dans la mer alors qu’il y avait des panneaux indiquant la présence de crocos. Les attaques de crocos semblent très rares mais le risque existe quand même… On ne s’est pas baigné et Saladolar non plus.