Flower Farm

Posté par le 21 novembre 2013 (du 07/10/2013 au 12/10/2013)
Il faut que ça brille...

Il faut que ça brille…

Pour nos deux dernières semaines en Australie, Chris et Lucie ont pris contact avec plusieurs hôtes de wwoofing jusqu’à ce qu’ils trouvent quelqu’un de disponible. Ca n’a pas été très simple sur Sydney mais ils ont fini par obtenir une réponse positive pour être hébergés dans une ferme de fleurs. Leur stratégie consistait à travailler pour leurs hôtes pendant la matinée puis passer l’après-midi à vider, nettoyer et ranger la voiture pour pouvoir la vendre. Moi, de plus en plus méfiant par rapport à la réaction des Australiens à mon égard, j’ai préféré rester discret. J’ai quand même participé au nettoyage de la voiture en inspectant les petits recoins. J’ai retrouvé des crayons tombés sous les sièges et même quelques centimes de dollars !

La clôture n'était pas en très bon état !

La clôture n’était pas en très bon état !

Quand on est arrivé à la ferme des fleurs, il y avait déjà une voyageuse coréenne. Elle occupait la chambre donc on a eu le « loft ». (Je reviendrai là-dessus.) Chris et Lucie n’ont pas beaucoup discuté avec elle et ils ne la croisaient qu’aux moments des repas. Elle travaillait sur les fleurs tandis qu’eux ont été chargés de réparer la clôture que le taureau avait détruite en plusieurs endroits pour aller brouter l’herbe du voisin. Ils avaient tous les outils du garage à disposition : grosse perceuse, scie circulaire, pinces, tenailles… Et un stock de piquets, fil barbelé, fil à clôture, etc. Il y avait du boulot ! Presque aucun piquet n’était droit (en fait, beaucoup étaient cassés) et le fil barbelé rouillé à peu près partout était cassé en plusieurs endroits et très grossièrement rafistolé ici et là. Chris et Lucie ont reçu des consignes (« Faites du mieux que vous pourrez. ») et ils se sont retrouvés seuls. Ils ont mis du cœur à l’ouvrage et, bien qu’il aurait sûrement mieux valu tout remplacer, le résultat était plutôt bon. Du moins, sur les quelques dizaines de mètres qu’ils ont eu le temps de réparer… Le taureau a été détaché de son piquet et remis dans le pré avec les vaches le soir même. Le lendemain, il était toujours là. Ouf !

Chris, couturier de choc !

Chris, couturier de choc !

Au deuxième jour de travail, Chris et Lucie ont fait de la couture. En prévision de la canicule du lendemain, il fallait raccommoder une sorte de grand filet blanc pour le mettre sur une serre. Cette fois, ils ont pu travailler à l’ombre. Alors qu’ils commençaient seulement à manier les aiguilles, ils ont appris le départ de l’autre voyageuse. « Elle est partie.  encore une fois, ils se sont retrouvés seuls jusqu’au moment du déjeuner. Ils auraient voulu lui dire au revoir et lui souhaiter un bon voyage mais nos hôtes l’ont conduite à la gare de bon matin sans se préoccuper de sa prochaine destination. En fait, ce sont eux qui l’ont mise dehors. La matinée a été pleine de questions muettes et le temps du déjeuner a été plein de réponses brutales. Je n’y ai pas assisté, vous vous en doutez, mais Chris et Lucie m’ont raconté n’avoir pas dit un mot pendant que leurs hôtes ne cessaient de médire à tour de rôle de celle dont ils venaient de se débarrasser. Allergique aux vaches, trop silencieuse, trop attentive à son régime, trop ronde, trop lente pendant son temps libre… Ils lui ont fait une liste interminable de reproches plus insensés les uns que les autres sans s’inquiéter de mettre mal à l’aise Chris et Lucie.

L'accès à notre chambre

L’accès à notre chambre

Le soir, alors qu’il manquait encore quelques mètres de coutures au filet, il a été décidé de le mettre en place sur la serre avant que les rafales de vent annoncées n’arrivent. Ce n’était pas une mince affaire… Cette deuxième journée a aussi été bien remplie ! Chris et Lucie ont commencé à douter de vouloir rester chez ces deux retraités au tempérament sanguin et se sont intéressés à une famille de Sydney qui les recontactait justement pour leur dire qu’ils étaient les bienvenus suite à un désistement. Pourquoi pas… En attendant, Lucie a échappé de justesse à une trappe à grimace : le poivre en quantité généreuse dans le plat du soir. Heureusement pour elle, Chris, qui aidait la cuisinière, a été autorisé (« Bien sûr, pas de souci ! ») a mettre une part de côté pour elle avant assaisonnement. Ouf ! Elle s’est régalée.

Un 4x4 tout propre !

Un 4×4 tout propre !

Malheureusement, la météo ne s’est pas trompée. Le vent de la soirée a été suivi de grande chaleur le lendemain… Lucie a été envoyée à la cueillette des fraises tandis que Chris faisait du vide dans la chambre des fleurs (seule pièce de la maison à être climatisée) en jetant les fleurs fanées par bouquets entiers (il n’y a pratiquement pas de clientèle) puis il est allé laver des pots en verre à côté de Lucie qui lissait les tiges des roses fraichement cueillies en coupant toutes les épines une à une. Nos hôtes étaient en panique jusqu’à ce que toutes les fleurs soient à l’abri dans la fraicheur. Pendant qu’ils se remettaient de leurs émotions, Chris et Lucie ont dû aller réparer une autre partie de la clôture. Comme la température a continué de monter, ils ont jeté l’éponge vers 11h en décidant de terminer le travail dans la soirée. Les hôtes les approuvaient.

Pour la première fois, Chris et Lucie se sont accordé une parenthèse détente dans l’après-midi en allant fossicker à l’ombre d’un arbre. Vous vous souvenez de la terre qu’ils ont prise près de Nundle ? Eh bien, il n’y avait aucun saphir bleu dedans ! Ni aucun saphir tout court, d’ailleurs. Lucie a trouvé quelque chose qui ressemble un peu à du zircon… À part ça, ils ont fait chou blanc. Ce n’est pas grave, c’était quand même un moment agréable.

Chris et Lucie ont fait du bon boulot.

Chris et Lucie ont fait du bon boulot.

Les deux serres étant couvertes, les fraises étant cueillies et les fleurs fragiles étant sauvées, Chris et Lucie ont été renvoyés au rafistolage de la clôture. Nos hôtes étaient contents de leur travail, ce qui les a encouragés à continuer sur la même lancée. Cette fois, il a aussi fallu remplacer plusieurs piquets qui étaient à terre. Quand ils ont eu terminé, la clôture avait une tout autre allure. Pendant l’après-midi, ils ont remis dans la voiture maintenant toute propre les choses qu’ils voulaient vendre avec. Ils étaient bien contents quand ils ont eu fini. Après ça, vers 19h30, Chris est allé donner un coup de main en cuisine, comme d’habitude. Pendant ce temps, je suis resté avec Lucie qui s’est lancée dans le tri des innombrables affaires personnelles et souvenirs qui ne peuvent pas rester dans la voiture mais qu’on ne pouvait pas espérer voir rentrer en totalité dans les valises.

Une belle pagaille

Une belle pagaille

Elle avait à peine commencé quand Chris est revenu avec une mine qui n’annonçait rien de bon. On était mis à la porte. L’«hôte» s’est complètement emporté face à Chris qui n’avait rien vu venir. Il ne voulait plus de nous chez lui. Le prétexte  il ne supporte pas les végétariens. On était sommé de déguerpir le lendemain matin. Non, ni Chris ni Lucie ne sont végétariens. C’est peut-être à cause du poivre… Ou peut-être pas. Ils en ont tous les deux pris pour leur grade. Ils n’ont eu ni à boire ni à manger pour le dîner et ils ont passé une partie de la nuit à trier trop vite trop de bazar et à jeter ce qu’ils ne pouvaient pas ranger. Au réveil, ils n’ont toujours eu ni à boire ni à manger et ils ont passé la matinée à entasser les affaires en vrac dans une voiture qui n’avait plus rien de rangé.

Le charmant cadre de notre calvaire.

Le charmant cadre de notre calvaire.

Épuisés et en colère, affamés et écœurés, Chris et Lucie étaient soulagés de partir de cette expérience détestable. Ils ne regretteront pas les repas pendant lesquels leurs hôtes fumaient, croyaient savoir tout mieux que tout le monde et monologuaient avec ferveur sur des sujets très polémiques, dénigraient les bons souvenirs de Chris et Lucie, se plaignaient des Français qui, tous sauf nous, leur cassaient leur machine à laver de dix-huit ans, crisaient à s’en rendre littéralement malades contre les biches qui leur grignotaient parfois quelques fraises pendant la nuit à cause de la sècheresse, vantaient avec nostalgie les mérites de quelques-uns de leurs visiteurs passés, plus gentils, plus grands, plus gros mangeurs et plus intelligents que leurs visiteurs actuels… Chris et Lucie s’étaient attendus à avoir leur propre chambre ; ils n’ont eu qu’un petit matelas jeté par terre dans le grenier (le « loft » !) très bas de plafond et pas isolé d’une étable dont l’odeur imprégnait les textiles. L’annonce proposait des cours d’anglais ; les hôtes, arrivés des Pays-Bas quelques dizaines d’années plus tôt, avaient encore un anglais à peine intelligible. Quant aux bons repas familiaux, c’était souvent «débrouillez-vous pour trouver de quoi vous faire un sandwich pour midi pendant que je mange un bol de céréales pour enfants et vous laverez ma vaisselle». On n’aurait pas pu tenir jusqu’à la date prévue mais la façon dont on nous a jetés a été le pire. Pour la deuxième fois en wwoofing, je ne me suis pas montré à nos hôtes de peur de recevoir du plomb dans le derrière.

Notre départ a été pitoyable. Le 4×4 n’était plus vendable dans l’immédiat et on ne savait pas où on allait dormir les prochains jours. En fin de matinée, on a quitté la ferme des fleurs dans la plus grande indifférence.

4 commentaires à Flower Farm

  1. La Gélinotte, le 22/11/2013 00:14:05 +10:00

    ? ? ?

  2. marie-Jeanne, le 22/11/2013 02:34:07 +10:00

    Ce woofing ressemble à celui que vous avez vécu à Alice Springs. Il y a de bons et de mauvais woofings, tout dépend du niveau de tolérance des hôtes, de leur hospitalité et de leur savoir-vivre. Il faut de tout pour faire un monde… Vous avez eu là deux expériences fort désagréables, mais heureusement que la grande majorité de vos woofings a été des plus agréables comme à Lost Patrol Camel Farm, votre premier woofing, à Camel Camp Sanctuary ou encore dans le château au milieu du bush….

  3. Flore, le 22/11/2013 09:43:53 +10:00

    Eh bien dites donc y’a aussi de sacrés malotrus en Australie!

  4. Michelle, le 23/11/2013 04:16:22 +10:00

    Aie aie aie, c’est dingue des gens comme ça, vraiment de la très mauvaise fois dans tous les domaines. Comme par hasard, nos deux vaillants ardennais ont été « remerciés » d’une manière peu élégante une fois que le gros œuvre à été terminé. Avant ça ne risquait pas. Je crois que j’aurais été donner une bonne dose de poivre au taureau lors de mon départ afin qu’il aille de nouveau bousiller la clôture. ça leur aurait appris à ces sales gens là.
    Ils ne méritent aucun respect ni aucune reconnaissance. Déjà de parler en mal des précédents saisonniers devant les autres, ça prouve qu’ils n’avaient rien dans le ciboulot et surtout pas une once d’intelligence.
    Par contre, toi Saladolar tu as eu le nez fin de rester discret, avec des malades pareils, tu aurais fini en pâté, et du pâté de sanglier trop poivré ça ne doit pas être très fameux.
    Lorsque vous avez été désignés comme « indésirables » par ces gens aucunement civilisés, et rabaissés comme les autres l’ont été avant vous….et d’autres le seront après, je crois qu’à votre place je serais allée faire une méga razzia dans les fraises. Après tout, cela n’aurait été que justice car laisser les travailleurs sans boire ni manger sous prétextes hyper tordus (une fois le travail terminé) qu’ils sont « incapables » ça relève de cerveaux malades. Espérons qu’un jour ils tombent sur quelqu’un qui n’aura pas votre patience et votre gentillesse, et leur réserve une bonne droite entre les 2 yeux !
    Et ce serait bien fait !!!! ils ne mériteraient que ça ces goujats ! Et même pas australiens en plus !!!! Savent ils seulement que l’esclavage est depuis longtemps aboli ? Pas sur apparemment.