Mereenie Loop

Posté par le 9 août 2013 (du 24/07/2013 au 24/07/2013)
Un des risques de la track !

Un des risques de la track !

La route a cédé la place à la piste quelques kilomètres au nord de Kings Canyon, dès la sortie de Watarrka National Park. On entrait sur un territoire aborigène que notre permis nous donnait uniquement le droit de traverser. Pas question d’y camper, d’y pique-niquer ou de sortir de la piste. Ça nous allait très bien. À travers les vitres de la voiture, j’observais le paysage un peu bizarre d’herbes clairsemées et de grands arbres isolés. Lucie y trouvait une ambiance de savane et s’attendait à croiser une girafe au détour d’un virage. Ça ne va peut-être pas vous surprendre ; elle n’en a pas vue. Chris gardait les yeux grands ouverts mais il a été le seul à ne pas voir un dingo traverser la route furtivement devant nous avant d’aller se cacher derrière des arbustes. Par contre, il n’a pas manqué les termitières qui s’élevaient un peu partout à perte de vue comme autant de petites forteresses aux formes improbables.

Le vent sculpte la route pour notre plus grand inconfort.

Le vent sculpte la route pour notre plus grand inconfort.

La piste s’est vite dégradée. On roulait sur des sortes de vagues qui nous secouaient beaucoup. Lucie essayait de rouler là où les ondulations étaient les moins profondes mais ça secouait quand même et, en plus, elle devait slalomer entre les trous. Il y en avait qu’on voyait à peine et d’autres qui étaient vraiment très gros. Quand on passait des rivières asséchées, la piste formait parfois une petite crête avant et après, ce qui fait qu’on ne pouvait pas voir le lit de la rivière avant d’être dedans. Assez souvent, ces passages, appelés ici « floodway », sont bitumés. Ça évite sûrement que la route ne soit détruite à chaque inondation. Cent dix-sept kilomètres après être parti, on a franchi un floodway dans lequel il y avait un trou plus large que notre voiture en plein milieu de la piste. Lucie pense l’avoir évité mais, quelques mètres plus loin, elle a trouvé que les roues faisaient un bruit bizarre et elle a remarqué qu’on projetait beaucoup de cailloux du côté droit, comme si on roulait dans de la boue. Elle a ralenti, ça s’est arrêté. Elle a accéléré, ça a recommencé. Elle est sortie… Oh, misère. Notre pneu arrière droit était en piteux état, arraché sur tout l’extérieur. Je n’ai rien senti ni entendu et Chris non plus.

Changement de roue

Changement de roue

Chris a décroché la roue de secours, Lucie a soulevé la voiture. (Non, pas à la main, avec un cric !) Chris s’est rendu compte que la voiture n’était pas assez soulevée pour qu’on puisse passer la roue de secours mais Lucie a dit que le cric s’arrêtait à mi-course… C’est un cric hydraulique avec une sorte de vérin télescopique. Le gros piston poussait la voiture sans problème mais celui de plus petite section ne prenait pas le relais et Lucie n’a pas voulu tenter de forcer dessus. Heureusement, on était pas les seuls sur la piste alors Lucie a arrêté plusieurs voitures pour demander si quelqu’un aurait un cric plus gros que le nôtre. Pas de chance… Finalement, un australien a pensé pouvoir nous aider. C’est vrai que son cric était gros mais notre voiture doit peser environ deux tonnes et c’était aussi trop pour lui. Il a dit qu’en général, les gens vidaient complètement leur voiture pour l’alléger. Chris et Lucie avaient commencé à rassembler des pierres pour pouvoir poser la voiture dessus, surélever le cric et re-soulever la voiture. Il a dit que c’était une bonne idée et est reparti en nous souhaitant bonne chance. On aurait aussi pu vider la voiture mais on y aurait sûrement passé la journée&nbsp! Ça a très bien fonctionné avec les pierres. C’était une idée de Chris, qui a été bien inspiré !

Quelques chevaux sauvages inquiets qu'on s'arrête

Quelques chevaux sauvages inquiets qu’on s’arrête

Chris a enlevé la roue au pneu déchiré et a mis la roue de secours (bien gonflée !) à la place. Pendant que Chris serrait les boulons, Lucie a mis notre trophée à la place de la roue de secours. Notre voiture avait une toute autre allure ! À mesure que Lucie abaissait la voiture, elle enlevait les pierres et les passait à Chris, qui les a empilées en un émouvant mémorial. Si vous passez par la Mereenie Loop un jour, faites un arrêt à S23 54 36 E132 02 07. Faites aussi très attention en arrivant parce qu’il y aura peut-être encore aussi le nid de dinosaure* sur la piste, en plein milieu du floodway ! (*nid de poule géant) Quand tous les outils ont eu à peu près retrouvé leur place dans la voiture, on est reparti en espérant ne plus avoir de souci. C’est avec un regard neuf qu’on voyait les très nombreuses carcasses de pneus de toutes tailles sur le bord de la piste. On ne s’est plus arrêté que pour observer quelques chevaux sauvages. Ils n’avaient pas l’air rassuré alors on les a laissés tranquilles. La nuit est tombée avant qu’on atteigne une route bitumée mais on n’a pas eu d’autre ennui mécanique donc on n’a pas eu à camper sur le territoire aborigène. Par contre, la route bitumée était en travaux donc elle n’était en fait pas bitumée. Pire, elle était jonchée de tas de terre, de cailloux et de branches qu’il fallait éviter. On a roulé à droite pour la première fois depuis longtemps. Moi, j’y vois très bien la nuit mais Chris et Lucie avaient un peu de mal. Heureusement, les travaux ne s’étendaient que sur quelques kilomètres. On a atteint les MacDonnell Ranges et on s’est arrêté pour un repos bien mérité dans un campground (camping rustique) du West MacDonnell National Park.

En mémoire de notre pneu qui nous a quitté trop tôt...

En mémoire de notre pneu qui nous a quitté trop tôt…

9 commentaires à Mereenie Loop

  1. marie-Jeanne, le 10/08/2013 01:57:09 +10:00

    Vous vous souviendrez de ce 24 juillet et de cette piste de Mereenie Loop. Votre première crevaison en Australie!!! Il vous en a fallu de la réflexion pour en arriver à bout…
    Félicitations à Chris pour son ingéniosité et bravo à Lucie pour conduire sur de telles «routes» :-)

  2. Flore, le 10/08/2013 05:03:16 +10:00

    Quelle aventure! Ça y est vous avez rencontré les brumbies!

    1. Lucie, le 10/08/2013 13:38:55 +10:00

      En fait, on en avait déjà vus pas mal en février quand on était à Lost Patrol Camel Farm et qu’on a fait un petit tour dans le Kosciuszko National Park.

    2. Michelle, le 15/08/2013 03:23:52 +10:00

      Comme j’ai laissé passer quelques récits (mais je compte bien faire un petit retour en arrière car ça me passionne), j’aimerais qu’on vienne éclairer ma lanterne. Flore écrit que vous avez rencontré les brumbies. Quézaco ?? Une bête à 2 pattes ou 4 pattes, animal à plumes ? à poils ? féroce ? une légende ?
      S’il vous plait j’ai hâte de savoir ce qui ce cache derrière ce nom étrange.
      Biz

  3. Fil Ose, le 11/08/2013 20:37:22 +10:00

    je vois que questions mécaniques, Saladolar, tes maitres ont des progrès à faire. Pourtant je cru que 3 ans de Bazin auraient suffit. Je suppose que votre cric fonctionne comme mon cric bleu, dans son jeune temps, Chris à dû y trifouiller.
    Le gros piston est mû effectivement hydrauliquement. Le petit piston est lui un piston à vis. Il suffit de le dévisser pour le faire sortir pour ajuster la hauteur et ensuite de pomper pour sortir le gros piston hydrauliquement pour soulever la voiture.
    Vous avez eu de la chance qu’il y ait des pierres empilables.
    Ce joli pneu est une œuvre d’art. ,-) ‘-)

    1. Chris, le 21/08/2013 16:53:14 +10:00

      En fait, je n’ai pas vraiment vu le cric. Lucie se l’est accaparé tout le temps ! Je ne sais pas si j’aurais été plus doué qu’elle mais maintenant que tu en parles, je me souviens du cric bleu et je regarderai la prochaine fois que le cric sera sorti. Pour le moment, il est bien enfoui dans la voiture. J’espère d’ailleurs ne pas le revoir trop vite… pas avant la revente du 4×4 :-).

  4. Michelle, le 14/08/2013 18:30:25 +10:00

    Ce mémorial en hommage de votre pneu est une œuvre d’art. On dirait un petit bonhomme. Je suis sure que plus d’un touriste va se demander ce que ça représente, et penser qu’il s’agit d’un totem sacré érigé là par les aborigènes. Ma foi, quelque part dans l’immensité de l’Australie, vous aurez laissé votre empreinte. Le souvenir n’est pas trop gai, mais vous vous en êtes tirés comme des pros.
    Bravo aux 2 mécanos qui ont fait preuve d’ingéniosité pour monter la voiture, et bravo à notre Saladolar qui je suis sure les a encouragé le temps du dépannage.

  5. Michelle, le 14/08/2013 18:38:04 +10:00

    Un jour je vous avais conseillé de faire aussi des stages de lancer de lasso. Cela aurait pu vous servir surtout avec les chevaux à proximité. Au lieu de voir une roulotte tirée par les dromadaires, nous aurions pu voir un 4×4 remorqué par quelques fougueux canassons. Et belle économie d’essence en perspective !
    Enfin tout est bien qui fini bien car vous avez pu remédier au problème sans avec recours à cette solution.
    Gros bisous à tous les 3

    1. Chris, le 21/08/2013 16:49:15 +10:00

      J’ai surtout vu un des chevaux venir vers nous d’un air pas content du tout. Je ne suis pas sûr qu’il nous aurait aidé… il aurait sûrement préféré refaire la carrosserie de notre voiture !